I MADE A CHOICE !

Source : @enbeauce

I made choice, oui j’ai fait un choix! vous ne comprendrez peut-être pas cette décision, mais c’est mon choix……

J’étais adolescente lorsque pour la première fois je disais à ma mère que je ne voulais pas me marier! Oui… c’était assez anodin, j’avais entre mes mains une éponge moussant de liquide vaisselle ainsi qu’une assiette, peut-être une fourchette, je ne sais plus mais en tout cas je faisais la vaisselle. Ces moments de vaisselle étaient des moments que j’affectionnais particulièrement, ma mère était toujours là, elle me regardait faire et me racontait une énième histoire. C’est lors d’une de ces sessions vaisselle que j’appris comment elle, elle aimait faire l’amour. Eh oui….ma mère était plutôt un esprit libre.

Lorsque les mots « je ne veux pas me marier » sortirent de ma bouche, sur le moment elle ne dit rien, elle était sous le choc. Dans sa tête elle devait se dire que c’était de sa faute si j’arrivais à penser de telles choses. Pour la petite histoire, son union avec mon père n’était que tumultes et la précédente n’était pas non plus exemplaire. Elle devait être en train de remettre en question son attitude, l’image qu’elle projetait, l’impact de ses actions sur moi.

« Tous les mariages ne sont pas les mêmes. Je n’ai peut-être pas eu de chance de ce côté mais là n’est pas ton histoire. Chacun sa chance et ce n’est pas parce que moi je vis un mauvais mariage que tu feras pareil » réussit-elle à dire. Je ne me souviens pas de ce que je lui ai répondu ce jour-là, tout ce que je retiens de cet échange c’est le mélange de peine et de douleur dans sa voix , la blessure que mes mots avaient causée.

Quelques années après ma sortie d’adolescence et surtout après une rupture difficile, je pris le temps de me remettre en question et de clarifier mes attentes en termes de relation amoureuse. À nouveau j’embrassais le souhait de ne pas me réduire au mariage et désormais je ne voulais pas porter d’enfants en mon sein. Choisir de ne pas génétiquement devenir mère dans la société africaine qui associe la féminité à la maternité est un choix disons…… osé ! Je parle très rarement de ce choix et je l’assume encore moins en public. En famille ça chuchote désormais, plusieurs personnes s’intéressent désormais de près à ce que je fais de ma vie sentimentale. Il suffit de mentionner un ami pour que la question tombe. Il suffit de mentionner un anniversaire pour s’essuyer la remarque sur l’âge qui avance, sur les difficultés à trouver un partenaire ou à tomber enceinte.

Entre amies, je précise bien amies, c’est le plus difficile. Nombreuses ne comprennent pas que la décision est mienne et n’affecte pas leurs vies. Les remarques désobligeantes sont toujours présentes. Cest toujours à base de « tu n’es pas une vraie femme si tu n’accouches pas d’un enfant » , « une femme doit se marier » , « Quand tu seras vieille qui prendra soin de toi? » , « comment ça tu ne veux pas d’enfants? Tu es lesbienne? » ou encore « Pense à toutes ces femmes qui remuent ciel et terre pour avoir un enfant et toi tu bafoues tout cela! ». Les femmes sont les plus récalcitrantes face à la chose, on dirait que mon choix remettait en cause leurs choix de vie, leurs croyances et en choisissant de ne pas aspirer aux mêmes choses qu’elles, je blasphémais.


De ce qui est des amis, ils sont tout aussi choqués. Certains essaient de me faire la morale, de me raconter mille et une anecdotes puis lorsqu’ils se rendent compte que cela ne sert pas à grand chose, ils concluent « personne ne t’épousera, en tout cas pas moi ». Et ils n’ont pas forcément tort, quelques hommes africains avec qui j’ai voulu construire quelque chose ignoraient ce que je disais. Ils passaient leurs temps à m’imaginer porter leurs enfants, des jumeaux pour les uns, une multitude pour les autres. Lorsque je me retrouve confrontée à cela, je n’insiste pas et m’éclipse sans un mot.

Dans ce choix de vie, ce qui m’importe c’est mon avis et celui de mes parents. Mes parents étaient assez libéraux dans leur éducation, je leur en suis grandement reconnaissante. Rien ne m’a jamais été exigé. Rien. Je fus seul arbitre dans le choix de mes études, de mon alimentation, de mes fréquentations, de mon habillement. En somme, rien ne pouvait m’être imposé. Ma seule contrepartie était de terminer mes études et implicitement d’être heureuse… peut-être.

À mon père, je n’ai jamais explicitement étalé ma philosophie mais il savait. Il était féministe et avait été père par procuration plusieurs fois dans sa vie. Lui et moi avions cet accord muet où le mariage et la vie de famille n’étaient pas le plus important. Il avait terminé sa vie seul et à ses yeux restèrent précieux ses enfants, ses frères, ses sœurs, ses neveux et nièces. Il  vécut heureux, comblé par l’amour des siens. Ma mère quant à elle, pleura toute une nuit. Je ne peux imaginer ce que c’est que de se prendre en pleine face un « je ne veux pas me marier » puis quelques années plus tard un « je ne veux pas porter d’enfants ». Etant son unique fille je pouvais imaginer ce qu’elle ressentait. Je suis sûre que si elle pouvait, elle m’aurait envoyée dans un couvent. Ce n’est pas ce qu’elle fit, elle passa la nuit à essayer de me convaincre que je pourrai regretter ce choix dans quelques années, qu’à l’âge de 40 ans, je voudrai peut-être en avoir et que ce serait trop tard. Elle m’expliqua ce qui s’était passé avec sa sœur qui avait interrompu une grossesse et qui depuis ne pouvait concevoir. Ma mère insista sur le fait que cette dernière était malheureuse et regrettait cette décision, le tout pendant que celle-ci dormait au salon et pouvait entendre tout notre échange.

Ne pas vouloir porter d’enfants est une décision aussi difficile que de vouloir en avoir. Les partenaires pourraient ne pas être compatibles, ne pas vouloir le même nombre d’enfants et avoir recours à une aide externe pour concevoir. La grossesse est une épreuve pénible qui dure 9 mois, on peut y perdre son identité, son corps et/ou son bébé. L’accouchement est tout aussi compliqué, plusieurs n’en reviennent pas vivantes, mères comme enfants et ce partout dans le monde. On parle aussi très peu du stress post-partum, des séquelles de l’accouchement qui peuvent durer des jours, des mois voire des années. Et ensuite parlons-nous du poids d’être responsable émotionnellement et financièrement de la vie d’un autre être humain ?

Récemment quelqu’un m’a dit qu’avoir un enfant c’est quelque chose que l’on ressent, un désir que l’on embrasse. Je ne suis pas d’accord. Avoir un enfant est un choix que l’on fait et comme pour tout choix, il est mieux d’être averti.

Le plus dur après, pour moi disons, c’est que mon choix n’est ni respecté, ni accepté par la société dans laquelle je vis mais bon quoi qu’il en soit………ça reste mon choix, ma décision !

#ANONYMOUS#

******tu ne jugeras point******

4 commentaires sur « I MADE A CHOICE ! »

  1. Chacun est libre de faire ses choix et est contraint de les assumer toute sa vie peu importe ce que les autres pensent…
    Au final le plus important c’est être heureux si nos choix nous conviennent et nous rendent heureux, c’est l’essentiel.

    Je suis de tout cœur avec cette personne même si je ne valide pas du tout l’idée

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  2. Nombreux pensent qu’il y a un manuel à suivre pour rentrer dans le moule de la société ou de que les gens appellent normalité.
    Études ,travail,mariage et enfants dès que tes choix ne correspondent pas, on se pose mille et une question à ton sujet. Vis ta vie et sois heureuse,ta vie c’est toi qui l’a construit pas les autres .

    Aimé par 1 personne

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